« Je suis une chips… »
(article écrit hier soir dans un train entre Paris et Genève)…
22h00
Dans quelques minutes, j’arrive à Genève. Il fait nuit et je ne peux pas voir le joli paysage que mon amie Marlène m’a décrit : ce ravissement des yeux, les étendues d’eaux qui scintillent au soleil, surplombées par de hautes falaises, le long desquelles file à toute allure notre TGV coincé entre la paroi et cette eau brillante…
Je fais passer le temps qu’il me reste en lisant des magazine et je tombe dans Neon, sur un passage sur la réussite personnelle qui me rappelle des échanges par texto avec un ami : « Finalement, tu vois, je suis une chips. Oui, je suis juste une chips au milieu d’un très grand paquet de chips et je finirais comme toutes les autres chips : dans le grand estomac d’un gourmand, d’un épicurien, de quelqu’un qui avait envie de manger quelque chose de salé et croustillant et à moment, ça sera mon tour de le nourrir ». (oui, je peux dire des choses étranges par texto parfois )
Ce souvenir m’est revenu après avoir lu cette phrase « On ne veut pas disparaitre du monde sans laisser de traces », termes énoncés par Carlo Strenger, philosophe et psychologue…
Et je me demande bien si c’est vrai.
Pour en avoir discuté avec mon père, je sais que sa manière a lui de laisser sa trace, et d’être immortel se fait par la filiation et donc, à travers ses enfants.
Pour certaines de mes connaissances, c’est d’avoir créé leurs entreprises.
Pour d’autres, c’est de faire en sorte d’améliorer l’humanité et s’investir dans des ONGs pour faire un monde meilleur…
Moi je ne me situe un peu nul part au milieu de ça. J’arrive à un stade ou je suis réaliste sur mon existence et celles des autres : tout le monde ne peut pas laisser sa trace dans le monde. Tout simplement parce que ça serait compliqué. Imaginez si les milliards d’individus que nous sommes aujourd’hui avaient tous leurs page wikipédia / biographie / reportage / stèle commémorative…
J’ai envie de laisser la palme aux autres, je préfère être de l’ombre. Savoir que ma trace a moi n’aura été que contemporaine, immédiate (même si j’aimerai vivre 100 ans au moins, mais qu’est ce que 100 ans au vu de l’âge de l’univers hein ? ) et qu’elle disparaitra telle qu’elle est venue.
C’est peut être aussi pour ça que je profite de l’instant, la gloire c’est cool, mais à quoi ça te sert quand tu seras mort ? (ça marche aussi avec la richesse et l’argent, c’est pour ça que mon compte en banque est toujours sur le fil sans doute).
Voilà, moi je revendique mon appartenance à la foule, à l’inconnu et au paquet de chips. Sans tristesse, ni rien, l’anonymat est aussi confortable pour ceux qui le cherchent que la célébrité désirée et attendue par d’autres…
(la philosophie de comptoir, c’est comme un paquet de Pringles finalement )
Claire @30ansoupresque
Et bien mes SMS à moi sont beaucoup moins philosophiques (« Dis, tu penses au pain ? »). J’en profite pour m’excuser auprès de tous mes contacts téléphoniques d’ailleurs… Sinon pour être sérieuse, je vois ce que tu veux dire : moi aussi j’ai renoncé à être riche et célèbre, à être « spéciale »… et pourtant moi aussi, tout comme toi, je tiens un blog et j’espère être lue. C’est tout le paradoxe, qui montre que finalement, même quand je ne le suis pas, j’aimerais toujours être « spéciale » (de là à dire « adulée par les foules… » hé hé…)
larcenette
En fait, je n’avais pas twitté cet article, je ne l’ai pas diffusé sur google + ou sur mon compte FB perso, parce que comme tu le dis : c’est tout le paradoxe d’avoir envie d’être anonyme et d’avoir un blog en même temps. Mais bon, ce blog étant un peu mon journal extime comme dirait mon prof d’autobiographie à la fac, je ne recherche pas la gloire, juste à échanger des réflexions avec plus de monde que mon chat
Sandrine
Pour ma part, je pense qu’on peut être « spéciale » à sa façon, au quotidien…en remerciant son chéri pour le WE passé ensemble, d’être simplement heureux de partager la vie des gens qu’on aime et disponible pour eux quand ils en ont besoin!! Et puis, la plus grande des richesses n’est elle pas celle d’avoir du temps pour profiter des petits bonheurs de la vie??
Belle journée;)
Sandrine
Sophie
ah, ça, les petits plaisirs de la vie, je suis la première a les remarquer et les savourer, je ne donc qu’être complétement d’accord avec toi
kaki
Je veux être une chips mais dans le même paquet que toi, qu’on se marre un peu avant d’être englouti XD
Sophie
Viens dans mon paquet de chips, tu verras, on se met bien :p
bintz
C’est marrant parce que j’avais une discussion dans le genre avec un gars qui fait du jeu de rôles avec moi. Il est féru d’histoire, particulièrement d’aviation historique. Il fouille les archives militaires, discute avec des anciens combattant, écrit dans des revues spécialisées en plus de son « vrai » boulot, il adore ça mais je ne soupçonnais pas que, comme il me l’expliquait, il était hanté par la volonté de laisser une trace. Pour lui, ça passe par ses gosses mais aussi et surtout par cette volonté de dépoussiérer des moments oubliés de notre histoire.
Ca m’a pas mal fait cogiter car à titre personnel, autant j’aime partager mes photos, mes trucs de jdr ou mes expériences diverses et variées, autant je n’ai jamais éprouvé ce besoin de marquer de ma pierre le temps qui passe. C’est peut être aussi une forme de sagesse et une certaine tranquilité de réaliser qu’on n’est au final qu’un petit grain de sel parmi tant d’autres sur une chips parmi tant d’autres.
Sophie
Ah, bah je crois qu’on est un peu pareil Plus jeune, j’ai ressenti le besoin de savoir d’ou je venais et j’ai continué le travail de ma mère qui avait entamé notre arbre généalogique.
Et puis quand je suis arrivée avant la révolution française du plus vieux porteur de mon nom de famille, je me suis rendue compte que si dans les générations futures, ils voudraient faire la même chose, ils finiraient par tomber sur moi (je compte donc sur mon neveu et ma nièce, ou leurs enfants pour faire cette démarche ^^).
Mais oui, vu que je n’inventerai jamais de vaccin contre des maladies graves, ou que je ne ferai jamais de télé réalité, je resterai dans un certain anonymat confortable, et je crois que ça, ça me va bien.
bintz
Méfie toi pour la télé-réalité, on a vite fait de tomber dedans :p
Sophie
Je préfère encore mon foie à un alcoolique plutôt que passer dans une télé réalité (avec une exception pour Koh Lanta :p )
bintz
Ca tombe bien, ça reprend bientôt! :p
Sophie
Tiens http://www.zviane.com/prout/3604 (« Tout le monde s’en sacre si je crée ou si je ne fous rien. Y’a personne qui va mourir si produis rien, y’a personne qui va ressusciter si je produis quelque chose. C’est complétement vain et j’aime ça » Voilà, moi j’aime bien ce passage
Bulle
Pour ma part, ça dépend des jours. Evidemment, je n’ai jamais rêvé d’être une « star », je ne pourrais pas y survivre mais il m’arrive quand même de souhaiter de temps en temps, faire quelque chose d’unique, qui marquerait les esprits…et puis, il y a d’autres fois, je veux juste me fondre dans la masse, vivre ma vie, suivre son cours sans faire de vague…Mais quelque part, je suis un chips quand même…
balbc
je commente mille ans après (c’est le décalage horaire ça), mais bon, t’es ma petite chips à moi. Voilà. Et tu es une jolie pomme de terre.
Jo L.
Je suis assez d’accord avec ça, y compris l’apparente contradiction entre le fait de tenir un blog (et donc de laisser une trace publique – mais éphémère et vite diluée dans tout un ensemble qui finira bien par disparaître dans les horizons nébuleux de la chose informatique et virtuelle) et celle de savoir qu’un jour où l’autre on disparaît et que le souvenir qu’on laissera s’évaporera lui aussi très vite….