L’intolérance me guette…
Je crois que plus je vieillis, plus je deviens fermée.
Les remarques racistes m’insupportent, les blagues sexistes me pètent les couilles, les raccourcis sécuritaires m’exaspèrent, les anti-avortements me donnent envie de foutre des claques, ceux qui manifestent contre le mariage hormosexuel me saoulent d’une force et les gens qui likent cette page provoquent une incompréhension certaine…
Avant j’étais capable de prendre le temps, de tenter de comprendre, de trouver des excuses, et d’essayer d’expliquer que non, tous les chômeurs ne sont pas des profiteurs que oui, la notion de solidarité est importante dans notre pays ; que oui, l’intérêt commun prévaut sur celui de l’individu. Mais aujourd’hui, je crois que je suis fatiguée d’expliquer que non, tous les autres n’essaient pas forcément de les spolier, de leur voler un truc, de profiter de leurs impôts pour se faire construire une piscine dans le sud ou autres joyeusetés du genre.
Ce gif n’est pas raccord avec le sujet mais je le trouve très drôle.
Et tout ça, ça finit par me rendre aussi tolérante qu’un requin à qui on essaierait de faire un détartrage : c’est à dire pas trop en fait. Et c’est bien dommage. Parce que je pars du principe que c’est justement les gens qui ne vont pas dans mon sens qui m’enrichissent, non pas qu’ils peuvent me faire changer d’avis, mais avec des personnes qui ont des arguments construits, des données chiffrées, j’apprends aussi des autres et je comprends également leur point de vue. Et je trouve ça important de pouvoir discuter avec les autres en bonne intelligence. Et j’ai bien l’impression que cette bonne intelligence, je l’ai perdu T_T.
Là, j’ai juste l’impression de finir dans une cour de récréation avec des « Tais toi t’as tort ». Et ça vaut pour moi aussi en fait : à force d’essayer d’expliquer mon point de vue (et je ne dis pas que je possède la flamme de la vérité, bien au contraire), je finis par faire des raccourcis tout pourris qui ont autant de poids que les raccourcis avancés par ceux qui m’exaspèrent.
A moins d’aller vivre dans une cave, d’arrêter de lire les commentaires teubé sur Facebook (Mais quelle caisse de résonance les réseaux sociaux!), ou de rester dans un entre soi certain (mais qui vire un peu consanguin de la réflexion et qui surtout te dessèche l’esprit), je ne vois pas trop comment faire : est ce qu’il faut que j’arrête de parler aux autres? Ou faut il que je reste sur des conversations de voisinage à base de météo?
De là à dire que si je suis intolérante, c’est parce qu’un état grippal automnal pointe le bout de son nez et que ça me rend chafouin, il n’y a qu’un pas (j’essaie de me dire que ce râlage est juste temporaire, et que je serai à nouveau super cool demain, et que je serai comme un arc en ciel dans le ciel parisien)…
Voilà, on se dit à demain?
Fanny
Moi, j’ai 27 ans, et je suis intolérante à ce genre de comportements depuis toujours… c’est très compliqué de faire entendre raison à des gens par nature fermés à la discussion. La peur n’explique pas tout. Je pense que si je commençais à essayer de comprendre, ça me boufferait.
Benoît Faverial (@BFaverial)
La tolérance ne doit pas non plus devenir un relativisme qui laisse la porte ouverte à tous les discours. Il y a les idées avec lesquelles on est pas d’accord, et celles qui sont inacceptables. Tant que tu fais la différence entre les deux, tu n’es pas intolérante tu te préserves.
Meanwhile, bière ?
Soussou Reve
J’étais pareil. Jusqu’à présent, je tolérais des remarques que je trouvais stupides. Aujourd’hui je ne supporte plus. Ca me prend à la gorge, ça me pique les yeux et je ne peux pas m’empêcher de répondre. Pas toujours de façon construite, pas toujours avec les bons arguments mais au moins je manifeste mon désaccord et je ne les laisse pas croire que je les soutiens par mon silence.
annouchka
Ton billet fait complètement écho à la petite histoire qui m’est arrivée la semaine dernière… Et pour laquelle je n’ai finalement fait aucun compromis… Parce qu’à un moment il y en a marre de laisser couler pour éviter les conflits et de faire partie de ceux qui essaient d’être compréhensifs face à l’intolérance des autres. Ceci dit je trouve le commentaire de Benoît très juste ! A nous de savoir où se situer nos limites, ça rend la bêtise des autres autrement plus supportable
La belle bleue
La même chose que toi ! Même certains amis ont des réflexions racistes, avant j’étais capable de prendre sur moi, mais là c’est juste plus possible, du coup on fait des débats sans queue ni tête où on tourne en rond.
Dernier débat politique ? Eux: 3, moi: seule. J’ai essayé de leur faire comprendre que le racisme c’était pas mon truc, mais je crois pas qu’ils aient compris vraiment
mlp
la Tolérance est réservée aux grands esprits …
Melgane
Apparemment les likers de pages y’a des gens qui ont votés plusieurs fois ou on ait appel à des générateurs de « likes » si ça peut te rassurer ^^’
C’est dommage d’arrêté d’essayer de comprendre, mais en même temps est-ce qu’on a envie d’essayer de comprendre quelqu’un qui nous « crie dessus ». L’autre à la cantine une amie qu’on avait attendu pour finir de manger à commencé par « […] façon vous, vous faites pas allemand, vous pouvez pas comprendre, je vous emmerde ». L’amie avec qui je l’avais attendu pour manger est restée une poignée de secondes de plus puis elle est partie. Moi je suis restée pour continuer la « conversation » mais j’avais vraiment envie de partir et de pas me borner à comprendre son point de vue vu qu’elle me parlait un peu comme « à de la merde » pour citer l’amie qu’était partie… Donc voilà… des fois faut pas s’en vouloir de pas essayer de comprendre, parce qu’en face les gens ils veulent pas non plus comprendre ton point de vue et ils te gueulent dessus donc au bout d’un moment je pense qu’il faut arrêter de chercher.
Mam Alamaison
J’ai l’impression que tu me décris un peu… et je suis moi aussi d’accord avec Benoît il y a des sujets sur lesquels on ne peut pas changer d’avis et avec l’âge (j’ai 41 ans) je n’agis plus de la même manière, si un sujet qui est pour moi tabou arrive sur le tapis, je ne prends pas part, je sais que la conversation serait stérile et que le ton risquerait de monter donc je m’abstiens. Et puis il y a surtout des sujets que je n’aborde absolument pas avec certaines personnes, qui ne supportent pas le débat, ça dépend vraiment des gens avec qui l’on est et du ton employé et puis il y a les gens que j’ai laissé tomber parce que vraiment ça n’était pas possible, je ne supporterais pas que des proches aient une visions trop radicalement opposée de la mienne : le racisme par exemple c’est rédhibitoire.
Catwoman
Au bout d’un moment, c’est usant d’essayer d’expliquer à des esprits fermés un autre point de vue … C’est dommage, c’est dur mais c’est comme ça
J’ai l’impression que les fachos en tout genre et régressistes se lâchent en ce moment et ça me fait mal. Mais abandonner la partie, c’est leur donner raison !!!
Valérie
En tant de crise, malheureusement, les comportements nationalistes ont la côte.
Il FAUT trouver un coupable!
Ce n’est pas nouveau, ça a déjà donné lieu à des guerres mais on a tendance à l’oublier.
Ca, couplé avec l’effet « caisse de raisonnance » des réseaux sociaux, ça donne l’impression de parler à « des » murs.
Récemment, dans ma propre famille, j’ai été choqué par une blague raciste parce que justement, je me suis rendue compte que c’était pas une blague.
Lâchement, je suis restée sans voix et ça, ça me fait peur.
Toumpite
En famille, je me retrouve souvent à encaisser les propos racistes, homophobes et compagnie. J’ai 30 ans, et eux pus de 50, je ne vois ma famille qu’une fois par trimestre, j’ai arrêté de lutter. Je ne parle que de sujets légers. Et je ne prends pas part aux discussions.
Par contre, j’essaie de m’entourer de potes qui n’ont pas cette fermeture d’esprit, je n’ai pas (plus ?) la prétention de vouloir les changer.
bensadi
il y a un beau discours de meryl streepattends je te le colle
» Je n’ai plus de patience pour certaines choses, non pas parce que suis devenue arrogante, mais tout simplement parce que je suis arrivée à un point dans ma vie où je ne veux pas perdre plus de temps avec ce qui me blesse ou avec ce qui me déplaît.
Je n’ai aucune patience pour le cynisme, la critique excessive ni pour les exigences d’une nature quiconque.
J’ai perdu la volonté de plaire à celui qui ne m’aime pas, d’aimer celui qui ne m’aime pas et sourire à celui qui ne veut pas me sourire. Je ne dédie plus une seule minute à celui qui ment ou à celui qui veut manipuler.
J’ai décidé de ne plus vivre avec la prétention, l’hypocrisie, la malhonnêteté et l’éloge pas cher.
Je n’arrive pas a tolérer l’érudition sélective et l’arrogance académique.
Je n’ai plus à m’adapter avec les affaires du voisinage ou avec le commérage.
Je déteste les conflits et les comparaisons.
Je crois à un monde de contraires et c’est pour ça que j’évite des gens ayant un caractère rigide et inflexible.
En amitié, je n’aime pas le manque de loyauté ni la trahison.
Je ne m’entends pas bien avec ceux qui ne savent pas donner un compliment et qui ne savent pas encourager.
Les exagérations m’ennuient et j’ai du mal à accepter ceux qui n’aiment pas les animaux.
Et pour couronner le tout, je n’ai aucune patience pour ceux qui ne méritent pas ma patience. »
Meryl Streep